Traces de l' auto/traduction dans les romans de Nancy Huston
Abstract
Dès 1981, date de publication du premier récit, Les Variations Goldberg, jusqu’au Club des miracles relatifs, publié en 2016, – sans oublier Plainsong qui inaugure le procédé de l’autotraduction simultanée – l’écrivaine parsème ses procédés fictionnels d’indices autobiographiques concernant sa réflexion sur le bilinguisme, l’identité, la traduction et sa pratique. L’analyse de ces indices trace un parcours significatif qui sera mis en évidence et qui conduit l’œuvre hustonienne vers la prise en compte intradiégétique de deux langues. En particulier, la rencontre avec l’autre-de-soi traductif se retrouve au niveau intratextuel dans les thèmes abordés et dans des formes d’écriture impliquant l’énonciation et l’énoncé. Ces-dernières sont plus spécifiquement l’objet de mon article : tout en n’étant pas des traductions interlinguistiques au sens propre, elles acquièrent une signification en tant que figures d’interprétation fictionnelles et autobiographiques, mettant souvent en jeu deux ou plusieurs langues. L’analyse de l’énonciation s’intéressera à des phénomènes récursifs : la mise en scène d’un personnage central qui fait fonction de narratrice-interprète, la présence de deux plans narratifs enchâssés l’un dans l’autre et le recours aux références intermédiales.
Ces éléments collaborent à l’amplification du sens ; les enchâssements narratifs, auxquels Nancy Huston a habitué son lecteur, servent à l’introduire dans l’atelier de la création littéraire, lui montrant la charpente autobiographique de son imaginaire narratif et autotraductif.