Enjeux de la composition vocale et musicale du dernier roman de Kosmas Politis : étude du manuscrit de Terminus (Τέρμα, 1975)
Abstract
Dans Terminus, la dernière œuvre, inachevée, de Kosmas Politis, écrivain grec connu à partir des années 1930 pour ses textes modernistes, les références à la musique abondent. Mais l’étude du manuscrit, que nous avons pu consulter au Collège d’Athènes, à Psychiko, révèle un travail sur les voix plus spécifique qui confère au récit le caractère d’un drame lyrique. En effet, les modifications témoignent du soin apporté par l’auteur à construire un narrateur proche du chœur des tragédies antiques. Parallèlement à ses interventions parlées ou semi-chantées, les voix des personnages s’élèvent à la manière d’arias ou dans des dialogues apparentés à des duos d’opéra, en un jeu d’intertextualité avec La Traviata de Verdi. Quels sont les enjeux et la nature de cette musicalisation ? Si la provocation de Politis, qui souligne la beauté tragique de l’adultère en pleine période de moralisation de la vie publique imposée par la junte militaire, est manifeste, une autre hypothèse se dessine : la musicalisation des voix, tout comme d’autres techniques musicales employées dans le roman, suspend le déroulé chronologique du récit. Nous nous demanderons pour finir si ce n’est pas justement la recherche d’une telle composition musicale qui a guidé Kosmas Politis dans la construction de ses trois derniers romans écrits après la Seconde guerre mondiale.